Le saxophoniste et compositeur Yannick Rieu remporte le Prix André Gagnon de la SPACQ dans la catégorie musique instrumentale. Voici l’échange que j’ai eu avec le musicien bien installé devant son foyer de sa belle maison de campagne. Yannick était étonné et content de recevoir le prix André Gagnon. Son dernier album MachiNations est également en nomination dans la catégorie l’album de l’année – jazz, des Prix Opus.
Bravo pour ce prix André Gagnon – musique instrumentale de la SPACQ (2020) !
Oui, c’est formidable ! J’étais étonné et ma foi bien content de recevoir le Prix André Gagnon pour la musique instrumentale. Comme compositeur j’ai déjà été nominé par l’ADISQ il y a quelques années pour Little Zab 2. À ce moment, Jim Corcoran, a suggéré au jury d’écouter le disque. Il me semble qu’il souhaitait élargir le champ d’investigation de ses collègues. Actuellement nous sommes aussi en nomination avec MachiNations pour l’album de l’année jazz des Prix Opus.
Sur plan créatif cette crise ça se passe comment ?
Sur ce plan, je me sens privilégié de pouvoir poursuivre mon travail. Mon studio construit à même la maison offre toutes les possibilités dont un musicien peut rêver. J’y ai organisé des sessions avec d’autres musiciens lorsque nous étions encore en zone orange.
Malgré la situation, je compose régulièrement et souvent sans projet précis, juste pour le plaisir de créer. Ceci dit des projets, il y en a! Je suis à élaborer un répertoire pour le Génération Quartet et MachiNations 2. Pour ce dernier je cherche à élargir plus avant ma palette sonore. Je travaille également sur des poésies de l’auteur-compositeur Edgar Bori. Il m’a donné carte blanche pour ce faire…je peux donc allègrement sortir de mon rôle de jazzman.
Je compose aussi pour moi, sans but précis si ce n’est que le plaisir de jouer avec les rythmes et les sons, que ce soit de façon plus traditionnelle (par écrit) ou de manière empirique (par la manipulation d’échantillonnages et autres bidouillages). Cela peut prendre énormément de temps et, par exemple, pour 500 heures de musique, 40 peuvent être valables et satisfaisantes. C’est un jeu pour moi, un peu comme ce que je le faisais avec l’enregistreuse à bande de mon père quand j’avais 14-15 ans. Ça fait longtemps que ça m’intéresse. Je me souviens aussi d’un cahier où je notais des petites mélodies avec ma flûte à bec…je devais avoir autour de 10 ans.
Des projets ?
Si la situation le permet, je prévois de tourner en Europe et en Asie en 2021. Des résidences en France et au Canada sont prévues ainsi que l’enregistrement d’un nouvel album avec le Génération Quartet. Bien d’autres choses mais je garde des surprises…
André Gagnon
C’est spécial la synchronicité des choses parfois…André Gagnon qui nous quitte la semaine où je reçois le prix. C’est d’une grande tristesse. J’ai beaucoup écouté son album Neige, j’adorais ses grooves et ses orchestrations. C’était un grand mélodiste ! Un de mes premiers disques acheté, j’avais 17-18 ans.
Tu écoutes quoi ces temps-ci ?
Les trucs que j’écoute ces jours-ci ? That’s What I Say: John Scofield Plays the Music of Ray Charles (2005), c’est magnifique. Aussi, Ella Fitzgerald avec Louis Armstrong, un classique.