On a toutes et tous connu une rentrée avec la boule au ventre. Celle de 2020 en sera une pour nombre d’entre nous. Elle le sera en tout cas pour les labels indépendants. Curieux, exigeants, audacieux, mordants, imprévisibles, ils accompagnent au quotidien et sont les premiers garants de la diversité et de la richesse de notre scène musicale. Et les prochains mois vont être décisifs pour leur développement et leur survie.
Les labels indépendants, la FELIN en représente aujourd’hui 1 500, basés partout en France, qui produisent chaque année plus de 3 000 projets artistiques, toutes esthétiques et courants confondus. Peu ou mal connus du grand public, ces labels ont un rôle crucial dans la scène musicale. C’est grâce à eux que le public peut disposer d’œuvres novatrices, exigeantes et non formatées. C’est grâce à eux qu’on peut aujourd’hui continuer à accompagner sur le long terme des artistes précurseurs en leur laissant le temps de se développer plutôt que de sceller leur sort après un ou deux albums aux ventes jugées insatisfaisantes. Les labels indépendants, c’est un voyage sur une route parallèle, souvent plus imprévisible, parfois plus belle, mais toujours plus humaine.
Et fatalement, plus risquée. Risqué, compliqué, imprévisible, le chemin l’est devenu pour tout le monde avec la crise sanitaire que nous traversons depuis le printemps. Il l’est davantage encore pour les acteurs de la scène indépendante, dont le modèle économique, déjà fragile, est aujourd’hui sérieusement mis à mal. Par la fermeture des salles de concerts et des festivals, qui ne peuvent plus accueillir leur public. Par une distanciation qui pénalise les disquaires et donne l’avantage à un modèle digital qui, de par son accessibilité, fixe de nouvelles règles intenables, notamment en matière de rémunération des artistes. Et, dernièrement par l’arrêt de la Cour de Justice Européenne qui, pour faire court, ôte plus de la moitié des perspectives d’aides financières de la production phonographique. Il est important, dans une société qui souhaite renouer avec l’essentiel et laisser de côté le superflu, de reprendre conscience de l’importance de l’objet disque, rémunérateur pour les artistes et les labels, marque d’investissement et de soutien de la part de l’auditeur.
Supporter aujourd’hui les productions des labels indépendants n’a jamais été aussi crucial. Que ce soit chez les disquaires ou les sites des artistes et labels. Pour aider des structures et des artistes fragilisés. Pour relancer un marché qui va encore beaucoup souffrir avant l’embellie. Pour, surtout, préserver coûte que coûte la diversité, la curiosité et l’innovation dans les bacs.
Les labels et distributeurs de la FELIN s’associent aujourd’hui, sous le drapeau Indies First, afin de traverser ensemble cette période instable et de rappeler au public que plus que jamais ils ont besoin de vous !
#indiesfirst